Avec la flambée du prix au litre de l’essence, beaucoup d’automobilistes se tournent vers des solutions moins coûteuses comme les voitures électriques, hybrides ou la conversion au superéthanol-E85.
Face à ces différentes alternatives, il est parfois difficile de s’y retrouver et de faire le bon choix. En réalité, tout dépendra de votre utilisation du véhicule et de vos attentes vis-à-vis de celui-ci.
- Rouler avec un véhicule électrique
- Rouler avec un véhicule converti à l’E85
- Bilan : plutôt voiture électrique ou conversion flexfuel ?
Rouler avec un véhicule électrique
Plutôt voiture électrique ou hybride rechargeable ?
Hybride rechargeable ou 100% électrique : si ces deux types de motorisation ont la cote en ce moment, ils répondent à des besoins et usages différents.
Selon l’Insee, chaque Français de plus de 16 ans réalise en moyenne moins de 3 voyages à plus de 100 kilomètres par an en voiture. En revanche, il réalise 3 déplacements locaux sur 24 kilomètres par semaine. En outre, sur les 35,4 millions de logements que compte l’Hexagone, 19,7 sont des maisons individuelles dans lesquelles il est plus facile de recharger son véhicule. Un argument qui, dans le choix d’une voiture électrique ou d’un hybride rechargeable, doit être pris en considération : la place de stationnement devient alors souvent la principale station-service. Ces arguments doivent entrer en ligne de compte au moment de l’achat de son véhicule électrifié.
Si vous allez au travail en voiture…
C’est en ville qu’une voiture thermique consomme le plus et c’est en ville et sur les voies limitées à 70 kilomètres-heure qu’un moteur électrique consomme le moins. La voiture électrifiée est donc idéale, qu’elle soit hybride rechargeable avec une autonomie de 45 kilomètres ou 100% électrique.
Si vous avez un budget limité…
Les voitures 100% électriques sont technologiquement plus simples que les hybrides rechargeables. Elles reviennent donc moins chères à l’achat.
Si vous vivez dans le centre d’une grande ville…
Si, d’ici 2024, le diesel est interdit dans les villes. Les édiles EELV (Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Grenoble…) entendent aussi restreindre la circulation des voitures qui ne seraient pas “propres”, c’est-à-dire disposant de la vignette Crit’Air verte. Or, seules les voitures électriques sont à ce jour détentrices du précieux sésame. Aussi absurde que cela paraisse, actuellement, une voiture hybride rechargeable affiche une vignette Crit’Air 1, comme une thermique. Aux yeux de l’administration, une Mercedes A 250e , avec ses 78 kilomètres d’autonomie en tout électrique, pollue autant qu’une Bugatti Chiron et ses 35,2 litres aux 100 kilomètres en ville.
Si vous roulez beaucoup et au quotidien…
Pour un rouleur qui avale entre 200 et 250 kilomètres par jour, l’électrique est toujours la solution la plus économique. Dans la mesure où le coût de revient à l’usage est environ trois fois moins élevé qu’avec une thermique équivalente, une électrique (2,5 euros pour 100 kilomètres) favorise les grands rouleurs. Le principal réseau de recharge sur autoroutes – le consortium Ionity – propose d’ailleurs aux clients des marques (Daimler, groupe Volkswagen, Kia Hyundai, Ford et BMW) qui l’ont fondé un tarif de charge plus avantageux qu’aux autres sur ses superchargeurs (jusqu’à 350 kilowatts de débit) : 30 centimes, contre 79 centimes par minute de charge. Mais, astuce, ceux qui roulent en Renault Zoé ou Peugeot e-2008 peuvent toujours se rabattre sur les chargeurs AC 43 kilowatts et DC 50 kilowatts imposés dans les stations par les pouvoirs publics. Dans ce cas, ils ne paieront que 39 centimes la minute et chargeront presque aussi vite.
Les avantages et inconvénients de rouler à l’électrique
Les avantages de rouler à l’électrique :
- La voiture électrique entraîne des économies à l’utilisation. En moyenne, effectuer 100 kilomètres en voiture électrique coûte environ 2 euros en électricité, contre 8,50 euros de carburant avec un modèle diesel équivalent ou 11,50 euros s’il s’agit d’un véhicule à essence.
- La voiture électrique est plus fiable. Sur un véhicule électrique, les pièces d’usure à changer régulièrement sont limitées. Les pneus, et c’est quasiment tout, puisque l’on use normalement bien moins les garnitures de frein ! La voiture électrique a un fonctionnement bien plus simple qu’une voiture thermique. Les pièces en mouvement étant moins nombreuses, le moteur électrique pouvant accumuler les centaines de milliers de kilomètres sans faillir, les packs de batterie étant gérés avec efficacité, la fiabilité globale des VE est incomparable face aux modèles thermiques. D’où des économies d’entretien qui viennent s’ajouter à ceux sur l’énergie à l’utilisation.
- L’impact des véhicules électriques sur l’environnement est moindre. Globalement, l’impact des véhicules électriques sur l’environnement et la santé publique est bien meilleur que celui des modèles thermiques. Toutefois, il est dépendant de : la chaîne d’approvisionnement en matières premières, la fabrication des éléments du véhicule, la source électrique pour la recharge, l’usage de l’engin, son recyclage en fin de vie. Les différents acteurs concernés par ces différents points s’activent, parfois sous la pression de l’Europe et des ONG. Ce que l’on peut cependant affirmer, c’est que sur son passage, une voiture électrique n’émet pas de polluants chimiques et ne rejette pas de CO2. Reste le cas des particules fines que vous retrouverez ci-après dans les inconvénients.
- Il n’existe pas de restrictions de circulation pour les véhicules électriques. Les épisodes de pollution de l’été 2018 ont mis en évidence l’extension des restrictions de circulation à de plus en plus de villes. Après les ZCR (zones à circulation réduite), Nicolas Hulot et Elisabeth Borne, respectivement ministre de la Transition écologique et solidaire et ministre chargée des Transports, ont annoncé plusieurs pistes pour lutter contre la pollution, en développant, au sein d’un partenariat entre les collectivités locales et l’Etat, des ZFE (zones à faibles émissions). Parce qu’il n’émettent pas de polluants chimiques sur leur passage, les véhicules électriques constituent une clé d’entrée, quand nombre de voitures thermiques seront toujours plus exclues des centres-villes.
Les inconvénients de rouler à l’électrique :
- Le prix d’achat initial d’une voiture électrique est un peu plus élevé. C’est justement parce que les voitures électriques sont plus chères à l’achat, que le gouvernement français a mis en place un bonus environnemental (7.000 euros en 2021), qui peut être assorti d’une prime à la conversion (2.500 euros en 2018) en confiant pour destruction un ancien véhicule thermique (VP ou utilitaire léger diesel immatriculé avant le 1er janvier 2001, ou un modèle à essence mis en circulation pour la première fois avant le 1er janvier 1997). Ces enveloppes ne suffisent cependant pas à gommer la différence entre le prix d’achat d’un VE et ses équivalents thermiques. La location de la batterie peut être un bon moyen pour s’en affranchir, en considérant que les loyers se montent à peu près aux frais de carburant qu’il aurait fallu payer avec des modèles essence ou diesel.
- L’autonomie sur les longues distances peut être un frein à l’achat. Avec les progrès technologiques réalisés sur les batteries de traction, un nouvel électromobilien est de moins en moins confronté aux limites d’une autonomie qui ne dépasse pas les 150 kilomètres. Les constructeurs les plus actifs proposent désormais des voitures électriques dotées d’un rayon d’action supérieur à 250, voire 300 kilomètres. Un simple palier ! Mais s’il s’agit d’effectuer régulièrement de longues distances, l’autonomie peut encore apparaître aujourd’hui trop chiche à nombre d’automobilistes.
- Le temps de recharge varie d’un véhicule à l’autre. Si recharger chez soi une voiture électrique n’est souvent pas un problème, réaliser de longues distances impose de recourir à des bornes installées dans l’espace public. Et là, pour régénérer totalement les batteries, il faut compter plusieurs dizaines de minutes de recharge rapide, plus d’une heure sur des bornes accélérées, et parfois plus de 10 heures sur une prise de type E/F domestique.
- Les réseaux de bornes de recharge sont perfectibles. Seuls les propriétaires de Tesla Model S et de Model X peuvent se réjouir de pouvoir disposer dans toute l’Europe et ailleurs d’un maillage en superchargeurs Tesla efficace et quasiment toujours disponible. Les électromobiliens qui roulent en Renault Zoé trouveront la plupart du temps très facilement des bornes accélérées AC 22 kW qui faciliteront leurs déplacements.
- Les émissions de particules fines. Les voitures électriques émettent-elles des particules fines sur leur passage ? Hélas oui ! Dans l’état actuel des connaissances sur le sujet, il semblerait que le surpoids causé par la batterie de traction fait qu’un VE lance dans l’atmosphère plus de particules fines provenant de l’abrasion des pneus, du revêtement des sols et des garnitures des freins, qu’un équivalent diesel très récent, même en comprenant ses rejets à l’échappement.
Rouler avec un véhicule converti à l’E85
Face à l’électrique, il existe une autre alternative moins coûteuse : le superéthanol-E85. A moins d’1€ le litre, ce carburant présente de nombreux avantages. Il est disponible d’origine sur certains véhicules comme avec la marque Ford avec la Puma, Fiesta, Focus Hybride, etc. Mais la plupart du temps, il est nécessaire de procéder à une conversion E85 sur un véhicule essence pour le rendre flexfuel (cad pouvant rouler à l’E85 et au SP dans n’importe quelle proportion).
Comment convertir sa voiture en véhicule flexfuel ?
Deux choix s’offrent à vous : la pose d’un kit bioéthanol ou la reprogrammation. Alors que le boîtier agit comme un leurre sur le calculateur et le fichier d’origine du véhicule, la reprogrammation consiste à modifier le fichier d’origine afin de le rendre plus “intelligent” et flexfuel.
Le boitier E85
Le boîtier éthanol, également appelé kit flexfuel ou kit E85, s’installe dans le moteur entre le calculateur et les injecteurs. Une fois en place, il permet à la voiture de rouler à l’essence sans plomb ou au bioéthanol dans n’importe quelle proportion.
En pratique, le boîtier de conversion éthanol ajuste la quantité de carburant injectée en fonction du volume d’E85 disponible dans le réservoir tout en faisant en sorte que le moteur reçoive l’énergie prévue par le calculateur pour un fonctionnement optimal. Si vous roulez à l’E85, le boîtier calculera qu’il faut injecter davantage de carburant car ce dernier est plus faible en énergie/litre.
L’installation d’un boîtier éthanol est basique. Il vous suffit d’acheter un boîtier éthanol et de le faire installer par un garagiste certifié par la marque du boîtier.
Vous trouverez plusieurs grandes enseignes spécialisées qui permettent une homologation : Biomotors, FlexFuel, etc. Attention, toutes les enseignes ne permettent pas une homologation de votre véhicule avec leur boîtier.
Pour le prix, il faut compter entre 700 et 1600€. Cela inclut bien souvent le prix du matériel, l’installation par un professionnel habilité, l’homologation du boîtier et la garantie.
Les avantages du boîtier éthanol :
- L’homologation. Plusieurs enseignes ont obtenu l’homologation de leur boîtier ce qui permet aux automobilistes possédant le boîtier en question de refaire la carte grise en toute légalité.
- Les aides à la conversion régionales. Plusieurs régions mettent en place des aides financières pour soutenir la conversion des véhicules essence au Superéthanol-E85.
Les inconvénients du kit E85 :
- Les boîtiers sont génériques pour un modèle de voiture. Ils ne tiennent donc pas compte des spécificités de votre véhicule et les réglages ne sont pas optimaux.
- Sur tous les boîtiers présents sur le marché, très peu sont homologués. Il faut donc faire attention à ne pas tomber sur un boîtier plus néfaste qu’efficace.
La reprogrammation flexfuel
Quand nous parlons de reprogrammation du calculateur, bien souvent les gens pensent à l’augmentation de la puissance d’un véhicule. C’est n’est pas faux mais ce n’est qu’une partie des possibilités qu’offre la reprogrammation.
Un mappeur peut également proposer la conversion au bioéthanol sur des véhicules essence. Concrètement, comment ça fonctionne ?
- Vous contactez le centre de reprogrammation de votre choix pour prendre rendez-vous
- Le jour J, les techniciens effectuent un diagnostic du véhicule et récupèrent la cartographie d’origine du véhicule pour la modifier.
- Le mappeur travaille sur la cartographie pour la rendre flex fuel tout en respectant les paramètres de votre moteur et la mécanique de votre véhicule. Chaque réglage est effectué en fonction de la motorisation de votre voiture (et non le modèle comme les boîtiers). On peut parler ici d’une conversion flex fuel à la carte.
- A la fin de la prestation, le technicien fait un plein d’E85 et va rouler avec le véhicule pour vérification et contrôle.
Vous l’aurez compris, la reprogrammation éthanol n’implique aucun ajout d’élément car tout se passe dans le calculateur.
Les avantages de la reprogrammation flexfuel:
- Sur-mesure. Contrairement au boîtier éthanol, la reprogrammation s’appuie sur la cartographie d’origine de votre véhicule et ses spécificités. Le mappeur peut donc modifier certains paramètres afin de rendre la transformation fiable et propre.
- Le prix. Malgré les aides régionales autour du boîtier, la reprogrammation flex fuel reste bien moins chère et offre un meilleur rapport qualité/prix aux conducteurs. Pour le prix, une conversion flex fuel coûte entre 400 et 600€. Si la reprogrammation vous tente, n’hésitez pas à utiliser notre simulateur en ligne pour connaître le tarif appliqué à votre véhicule.
Les inconvénients de la reprogrammation flexfuel :
- Elle n’est pas homologuée par définition, parce qu’il n’y a rien à homologuer. C’est simplement une programmation sur-mesure et non pas l’installation d’un équipement standard. Cela n’a par exemple aucun impact sur le CT. Une voiture transformée flexfuel peut rouler, du moment qu’elle est correctement assurée. La modification peut être signalée à l’assurance, par courrier avec accusé de réception.
Le bioéthanol est-il mauvais pour ma voiture ?
Nous pouvons lire ou entendre régulièrement des intox sur le superéthanol-E85 comme le fait qu’il soit corrosif et donc mauvais pour les pièces mécaniques. C’est FAUX.
Le superéthanol-E85 n’est pas un carburant corrosif mais il est hydrophile. Il attire les molécules d’eau qui, elles, peuvent être corrosives si vous n’effectuez pas un entretien régulier du véhicule ou si vous ne roulez pas assez. N’hésitez pas à lire notre article sur l’entretien de sa voiture après une reprogrammation.
Le bioéthanol a néanmoins un effet détergent. Il a tendance à laver les impuretés et, pour chaque conversion E85, nous recommandons le changement du filtre à carburant (si la voiture en est équipée).
A savoir que la majorité des véhicules produits à partir des années 2000 ont subi un traitement moteur qui leur permet de rouler à l’éthanol. C’est ce qui explique que vous puissiez mettre de l’E10 dans votre réservoir sans crainte.
Puis-je passer au contrôle technique après une conversion flexfuel ?
Si vous optez pour la pose d’un boîtier homologué ou une reprogrammation flexfuel, votre véhicule passera au contrôle technique. En effet, la reprogrammation étant une simple modification électronique du véhicule, cela ne pose aucun problème vis-à-vis du contrôle technique.
En revanche, si vous optez pour la pose d’un boîtier non homologué, c’est une modification physique du véhicule. Dans ce cas, votre véhicule ne passe plus au contrôle technique.
Bilan : plutôt voiture électrique ou conversion flexfuel ?
Vous l’aurez compris, tout dépend de votre budget et de vos attentes vis-à-vis du véhicule.
Si vous souhaitez faire des économies rapidement et à moindre coût, nous vous recommandons la conversion bioéthanol à partir de 470€. Elle vous permettra d’être rentable dès la première année (sur une base de 15 000 km/an).
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