Pop and Bang / Crackle Map : fonctionnement et risques

7 avril 2021 | Reprogrammation

Très populaire dans le milieu de la reprogrammation automobile, le Crackle Map, aussi appelé Pop and Bang, consiste à modifier la cartographie du calculateur pour obtenir une détonation dans l’échappement à la décélération. Ces pétarades sont appréciées par certains car elles donnent un côté sportif à leur véhicule essence.

En tant que tunner, nous pouvons inclure cette option lors de nos stages de reprogrammation moteur. Néanmoins, suite à nos nombreuses sollicitations, nous nous devons d’être honnête sur ce qu’implique ce type de modification et les effets sur votre véhicule. Nous allons donc revenir point par point sur le Pop and Bang à travers cet article.

  1. Comment fonctionne le Crackle Map ?
  2. Pourquoi le Pop and Bang est anti-mécanique ?
  3. Et le bang-bang / NLS alors ?
  4. Pop and Bang, on fait ou on fait pas ?

Comment fonctionne le Crackle Map ?

Pour comprendre le procédé du Pop and Bang, revenons sur quelques notions mécaniques.

Le moteur à 4 temps

Il est important de savoir comment fonctionne un moteur à 4 temps (présent sur chaque voiture) :

  1. En parallèle de l’injection d’essence, la soupape d’admission s’ouvre pour laisser entrer de l’air dans la chambre de combustion (l’air est amené par le collecteur d’admission qui se situe entre la boîte à air et la culasse)
  2. Quand la quantité d’air entrée est suffisante, la soupape d’admission se ferme. Le piston comprime le mélange d’air et de carburant vers la bougie.
  3. Un arc électrique se crée et l’étincelle permet alors d’embraser le mélange d’air et d’essence. Le piston est ensuite repoussé vers le bas par la puissance de la combustion, ce qui enclenche le nouveau cycle du mouvement mécanique.
  4. Suite à l’embrasement de l’air et du carburant compressé dans la chambre de combustion, les gaz brûlés sont repoussés par les mouvements de remontée du piston vers la soupape d’échappement. Les gaz brûlés poursuivent alors leur chemin à travers l’échappement jusqu’à être expulsés dans l’atmosphère.

Un moteur diesel ne comporte pas nécessairement les mêmes composants qu’un moteur à essence. En effet, puisque la pression permet à elle seule d’enflammer le carburant, le moteur n’a pas besoin de bougies standard, mais il nécessite néanmoins la présence de bougies de préchauffage, qui vont permettre de lancer la machine.

Le moteur à 2 temps

Il existe également les moteurs à 2 temps. Ils équipent principalement les motos et autres types de deux roues motorisés :

  1. Le moteur compresse le mélange d’air, d’huile et d’essence, dont la fonction est de lubrifier l’ensemble du mécanisme. La combustion se produit, comme pour les moteurs à 4 temps, grâce à une bougie. Le piston est éjecté vers le bas et la fumée résultant du processus est rejetée par l’échappement.
  2. Le mélange huile, carburant et air est admis dans la chambre de combustion suite au mouvement d’aspiration créé par la dynamique du piston. Le mélange est de nouveau compressé et remonte vers la bougie.

Ce qu’il surtout retenir de cette explication mécanique, c’est que pour faire une bonne combustion, il faut de l’air et de l’essence.

La création des détonations

Afin de créer des détonations dans l’échappement et donc parvenir à faire un Pop and Bang, il faut qu’une combustion entre l’air et le carburant se produise plus tard. Et plus précisément au moment où la soupape d’échappement s’ouvre. Or, si vous avez bien tout suivi jusqu’ici, elle n’est censée s’ouvrir qu’une fois la combustion réalisée dans la chambre de combustion.

C’est à ce moment qu’intervient la modification sur la voiture. Tout en injectant de l’essence à la décélération (créant une hausse de la consommation de carburant), un retard conséquent est créé à l’allumage à faible charge sur une zone de régime précise (en gros, quand vous relâchez la pédale d’accélérateur).

Un autre point mécanique s’impose : comment l’air arrive à la soupape d’admission ? Pour faire simple (nous nous excusons auprès des puristes), votre voiture possède un boîtier papillon placé à l’entrée du collecteur d’admission (qui lui même est connecté à la soupape d’admission). Ce boîtier permet de réguler la prise d’air d’un moteur grâce à un volet dont l’ouverture varie en fonction de l’appui du conducteur sur la pédale d’accélérateur.

Naturellement, la gestion du moteur ne permet pas d’injecter du carburant lorsque le boîtier papillon est fermé car il n’y a pas d’entrée d’air (et oui, vous n’appuyez plus sur la pédale d’accélarateur).Nous effectuons donc une première modification pour que le boîtier papillon reste légèrement ouvert (environ 2%) lors du relâchement de la pédale d’accélarateur.

La 3e modification est le retard à l’allumage pour que la combustion se produise tardivement et qu’elle se termine dans la phase d’échappement, c’est-à-dire entre la soupape d’échappement et le pot d’échappement. Concrètement, les soupapes d’échappement vont s’ouvrir alors que la combustion n’est pas encore achevée. Ce mélange qui n’est pas encore brûlé va provoquer des légères explosions entre les soupapes et l’échappement à cause de sa température très élevée. C’est ce processus qui entraîne les pétarades du Crackle Map.

 

Pourquoi le Pop and Bang est anti-mécanique ?

Vous l’aurez compris, avec la création d’un retard à l’allumage à faible charge sur une zone de régime précis, la combustion se fait plus tard et surtout, au mauvais endroit.

Pour un rendement optimal, la combustion devrait avoir lieu lorsque le piston arrive tout au-dessus (au niveau du point mort haut). Dans le cas d’un retard à l’allumage, l’étincelle à l’origine de la combustion est présente lorsque le piston est descendu dans le cylindre (et donc lorsque la soupape d’échappement est ouverte).

L’arrivée tardive de la combustion est donc un problème dans la mesure où elle ne se fait pas dans la chambre à combustion qui est prévue à cet effet mais entre la soupape d’admission et l’échappement, là où les pièces ne sont pas pensées pour supporter une aussi forte température liée à la combustion du mélange air/essence.

Donc, même s’il est vrai que le Pop and Bang crée un bruit sportif et agréable (pour certains), il n’en demeure pas moins anti-mécanique pour votre moteur. Il faut savoir qu’une combustion à plus de 1000°C peut fortement endommager les soupapes, les têtes de pistons ainsi que la turbine du côté de l’échappement. Aucune de ces pièces n’est faite pour supporter la combustion du mélange air/essence.

C’est pour cette raison que chez Fred Auto Sport, nous sommes 100% transparents avec vous sur les risques pour votre voiture. Par défaut, nous préférons ne pas vous proposer cette option car elle peut nuire à la fiabilité et à la durabilité de votre véhicule. Malgré nos recommandations, si vous souhaitez tout de même installer le Crackle Map sur votre voiture, nous vous faisons signer une décharge de responsabilité car les moteurs et autres composants ne sont pas prévus pour supporter de telles modifications.

 

Et le bang-bang / NLS alors ?

Le Bang-Bang est principalement utilisé en rallye automobile, notamment sur les véhicules japonais (Mitsubishi Lancer, Subaru Imprezza etc..), afin de réduire le lag du turbo. Il intervient au moment du passage des vitesses, pied à fond sur l’accélérateur.
Pour l’explication, lorsque vous relâchez la pédale d’accélérateur ou que vous changez de rapport, le boîtier papillon se ferme et tout l’air présent dans le circuit de suralimentation est sorti via une soupape de décharge (dumpvalve). Le turbocompresseur doit donc recharger pendant un certain temps, c’est ce qu’on appelle un lag (temps de réponse).

Afin de limiter le lag (en rallye c’est quand même plus pratique), des ingénieurs ont eu l’idée de laisser le boîtier papillon ouvert à environ 25% afin que davantage d’air et d’essence soit introduit lors du retard de l’allumage. Ce système aura pour conséquence de faire spooler (démarrer/tourner) le turbo plus tôt.

En soit, la seule différence entre le Bang-Bang et le Pop & Bang est l’ouverture du boîtier papillon (autour de 25% pour le premier, uniquement 2% pour le second) et donc la quantité d’air injectée dans le moteur. Plus l’injection d’air est importante, plus les détonations seront importantes. C’est pourquoi le Bang-Bang peut entraîner des bruits comparables à des “coups de fusil” dans l’échappement et la température peut monter jusqu’à presque 1200°C. Sur des véhicules hors rallye, les pièces mécaniques comme le turbo et les soupapes ne sont pas faites pour supporter autant de degrés et de lourdes casses sont souvent à prévoir.

 

Pop and Bang, on fait ou on fait pas ?

Sur nos véhicules personnels, on ne fait pas. Parce qu’on les aime, tout simplement. Soyons clair, le Crackle Map est anti-mécanique et risque d’endommager fortement votre moteur pour toutes les raisons évoquées plus haut dans cet article : retard à l’allumage, combustion en-dehors de la chambre à combustion, etc. Il n’y a aucun intérêt pour votre voiture outre le fait de générer les fameuses pétarades tant convoitées.

Notre position est très claire au sujet du Pop and Bang : nous pouvons vous le paramétrer mais nous ne le recommandons pas. J’imagine que vous vous en doutiez. Si vous décidez tout de même d’opter pour le Pop and Bang, nous vous le ferons, vous aurez les “pop pop pop” audibles mais ne vous attendez pas aux “coups de fusil” !

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